Les boutons motteux: des cornes chez nos jolies brebis Ouessant?

L’éleveuse de moutons d’Ouessant que je suis devenue, soucieuse de reproduire du joli modèle, s’est rendu compte que plusieurs brebis dans le troupeau affichent comme des mini-cornes. A l’emplacement des cornes: des boutons motteux selon le Groupe d’Elevage du Mouton d’Ouessant (GEMO) français.

Recherches auprès du GEMO

Après ce constat, j’ai donc cherché à savoir auprès du GEMO si ces boutons motteux devaient être considérés comme des défauts. Et découlant de cela,  s’il fallait procéder à une nouvelle sélection dans le troupeau de manière  à sortir ces brebis motteuses.
 
Voici ci-dessous la réponse du GEMO que j’ai trouvée complète et instructive. Je vous la livre:

Que dit le standard

« En réponse à votre question, dans le projet standard de 1981 il était mentionné  » absence de cornes chez les brebis » suite à l’observation des animaux dans les troupeaux existant à cette date. Cette mention a été supprimée dans le standard définitif adopté le 5/12/1981.
 
Régulièrement le GEMO était informé de la présence de brebis avec « des boutons motteux » à l’emplacement des cornes. Parfois nous trouvons des cornes de 5 à 10 cm dans quelques troupeaux.
 
Dans la révision du standard en 1991 une remarque est ajoutée  » la présence de boutons motteux, n’est pas une cause de disqualification » (sur le site dans la rubrique le mouton d’Ouessant, standard officiel, dans le paragraphe remarques sous le paragraphe « causes de disqualification »).

La génétique 

Nous devons lors d’une série d’analyse de génotype du mouton d’Ouessant faire des prélèvements sur des brebis ayant des cornes. Sur le plan génétique il semblerait qu’une brebis « motteuse » transmette ce gène à sa descendance (exemple d’une brebis motteuse dont la fille l’est également et la petite fille née d’une autre lignée de béliers aussi.). Les analyses devraient nous éclairer sur ce caractère.

Un caractère qui parle pour la rusticité du Ouessant

Autre réflexion  » les brebis auraient perdu la présence de leurs cornes au cours de la domestication ». Texte de JJ LAUVERGNE (1991) dans son étude pour les races ovines autochtones sur l’indice d’archaïsme note pour le cornage:
 » On sait que le mouflon sauvage est cornu  avec un dimorphisme sexuel (femelles cornettes ou acérâtes) et que la disparition totale des cornes d’abord chez les femelles puis dans les deux sexes marque deux étapes successives ultérieures. »

Les moutons de Ouessant d’ailleurs

Concrètement, dans notre troupeau, pas de vraies cornes, seulement des boutons motteux. Des boutons d’une apparence bien plate. Quelques exceptions toutefois avec certaines brebis qui présentent des boutons un peu pointus sans toutefois être de réelles cornes. Plutôt des excroissances cornées. Parfois asymétriques: une excroissance plus développée à droite, par exemple. Pour en avoir coupées certaines, elles n’étaient pas irriguées.
 
 

On est tenté de confirmer le lien avec la rusticité

Au début de la constitution du troupeau, j’avais acquis deux brebis Ouessant bien cornues que j’appelais « mes chèvres ». Effectivement, s’il faut rapporter la présence de cornes à la rusticité, elles étaient d’une agilité surprenante, toujours très à l’aise en tout type de terrain.
 
Mais ce type de brebis n’est plus chez nous. Et malgré le faut que les motteuses soient acceptées dans le standard, je recherche plutôt ce que je pourrais appeler des « têtes bien faites ». Soient des têtes sans boutons motteux, illustrées par la photo de la brebis Java ci-dessous.
 
Quoique l’argument de rusticité pourrait me faire basculer vers l’acceptation des « motteuses plates ». En effet, la rusticité du Ouessant est essentielle à l’intérêt que je lui porte. Mais je trouve inesthétique les boutons pointus, les « cornettes », même sans innervation ni irrigation sanguine.
 

 

On adhère aussi à l’apparente transmission du caractère de mère en fille

En termes de transmission génétique, mon expérience est similaire à celle du GEMO. Il semblerait que les motteuses fassent des motteuses. Ainsi mes brebis motteuses Nathalie et Noisette, respectivement mère et fille, ont une progéniture également motteuse. Toutefois, je ne peux pas affirmer à ce stade qu’il s’agisse d’une transmission systématique.

 

Il faudrait pour cela que je suive toutes les motteuses en mon troupeau. Ceci n’est pas toujours possible, car la pleine apparition des boutons se fait avec l’âge adulte et bon nombre d’agnelles quitte mon élevage vers l’age de trois mois.

Je vais porter à cela une attention toute spéciale dans les mois à venir, lors des sélections futures des membres du troupeau de Ouessant d’Ailleurs.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *