Pour Champion, le hasard a bien fait les choses. Vendu sous la mère, avec neuf autres congénères, le voici qui revient en pension pour l’hivernage fin 2016. A l’âge d’un an et demi, il crée la surprise. Pourtant issu de père et mère relativement grands, il affiche un petit gabarit avec de superbes cornes. Son propriétaire souhaite se séparer de l’ensemble de ses béliers. Bien évidemment, je le reprends avec une grande joie!
Un physique tentant…
Depuis l’hiver 2016, le temps est passé et Champion est resté un bien joli bélier. Il n’a pas encore été officiellement mesuré, mais par comparaison avec ses camarades, il doit se situer autour des 45-47 cm au garrot. Et ce, pour un poids relativement léger que je situe autour d’une quinzaine de kilos. L’évaluation du troupeau en décembre prochain est donc attendue avec impatience. Mais ne résistant pas à le tester avant, il s’est reproduit la saison passée avec un lot de huit brebis.
La participation de Champion aux agneaux du printemps 2018
Parmi les huit agneaux issus de ces accouplements, trois ont malheureusement été perdus à la naissance ou dans les jours qui ont suivis. En effet, le fils de Cassiopée, une antenaise de l’an passé, est arrivé parmi nous mort-né. Quant à Racine, le fils de Brunetta, il nous a été volé quelques jours après sa naissance.
Puis la progéniture de Champion continue à jouer de malchance. La fille de Pétroline, Cosmos, est décédée récemment, suite à un probable empoisonnement par une plante toxique.
Petite parenthèse à ce sujet qui porte à réflexion quant à la gestion des pâtures. Sur la parcelle où paissait Cosmos, une bête est perdue chaque année. Le décès se produit généralement après fauchage des orties et des quelques autres plantes qui y sont mêlées. Les orties fauchées devenant plus appétentes, il est probable que les moutons les ingèrent sans prêter attention à ces quelques autres plantes qui, séchées et mélangées, se sont glissées dans ce foin.
Puis le fils de Tête Noire, Ourson, et la fille de Créole, Rivière, ont été vendus. Le premier, de par sa mère, était trop grand pour notre élevage. La seconde, à notre grande surprise, portait des pendeloques. Encore une parenthèse, car cette naissance à pendeloques est étonnante. Elle survient après deux agneaux (2016 et 2017) sans pendeloques. En effet, il généralement admis que les pendeloques sont un caractère qui se transmet systématiquement. Or Créole avait donné à notre élevage deux autres agneaux mâles répertoriés, Clown et Madras, sans pendeloques.
Après décès, disparitions et ventes, que reste-t-il des agneaux de Champion?
Salto, biberonné de mars à juillet (voir https://www.ouessant-d-ailleurs.ch/sauver-un-agneau-en-le-biberonnant/), Navire et Castor sont les fils de Champion qui nous restent. Trois jolis agneaux qui, pour le moment, en termes de taille et de cornage, sont tout à fait corrects. Navire notamment se présente joliment, avec un cornage qui s’annonce large et puissant.
Castor est le fils de Cola qui nous a donné Coconut l’an passé. Joli antenais de plus d’une année maintenant, Coconut a fait partie des six mâles sélectionnés parmi 19 naissances mâles en 2017. Les attentes quant à l’évolution de Castor sont donc assez grandes.
Mais l’expérience m’apprend que la loterie de la reproduction est pleine de surprises. A titre d’ exemple, voici Amiral, un agneau de 2018 qui succède à son frère Rifoinfoin (même père, même mère). Alors que Rifoinfoin fait lui aussi partie des six agneaux de l’année 2017 choisis pour continuer leur évolution au sein de notre élevage, Amiral est déjà bien trop grand. Qui plus est, son cornage est faible et lent à se mettre en place. Pourtant, leur soeur de 2016, Mignonne Dolly, est également une très jolie brebis.
Quant à Navire, fils de La Môme, sa soeur Mazette de 2017 figure également parmi les jolies antenaises en évolution. D’un physique déjà prometteur, il est donc particulièrement attendu dans les mois à venir.
L’avenir reproducteur de Champion
Difficile de se prononcer quant à l’avenir reproducteur de Champion dans notre élevage. De par son physique et son excellent caractère (un critère trop peu souligné), il est amené à rester chez Ouessant d’Ailleurs. Une seule saison avec cinq à six agneaux évaluables, au moins sur quelques mois, est sans doute insuffisant pour estimer le potentiel de Champion. Mais la concurrence est rude pour la transmission des gènes.
La relève arrive, bien qu’encore un peu jeune. Parmi les quatre béliers restants actuellement de la sélection des six de l’an passé (à savoir Rifoinfoin, Brousse, Coconut et Polar; NB: Goldorak est mort et Pony est finalement vendu), peut-être que l’un d’entre eux aura la chance de figurer parmi les trois à cinq béliers pères des agneaux de 2019. Cela dépendra de leur physique lors de leur retour de la saison de pâturage. En cinq mois passés sur d’autres parcelles chez des clients privés, ils ont sans doute bien changé. Leur bergère les attend avec impatience.
Du sang d’ailleurs justement…
Et il ne faut pas oublier que dans un souci de renouvellement du sang, des béliers issus d’autres élevages sont régulièrement intégrés chez Ouessant d’Ailleurs. Ainsi Kurbis, bélier brun de 2017, devient un choix très tentant. Lui aussi un peu jeune, mais avec des dimensions qui ne devraient pas excéder les 45 cm à l’âge de deux ou trois ans.
Par ailleurs, d’autres agneaux et béliers sont réservés auprès de deux élevages, en Valais et en Aargau. Il est arrivé que les nouveaux-arrivants ne fassent qu’un bref séjour chez nous avant de repartir vers d’autres horizons moins exigeants en termes d’élevage. Toutefois, l’expérience aidant, les choix quant aux nouveaux membres du troupeaux sont plus pertinents. La bergère de Ouessant d’Ailleurs peut donc espérer un ou deux jolis modèles masculins parmi les quatre nouveaux-venus.
Les adieux de Belino, déjà?
Notre chouchou Belino ayant déjà fortement influencé la structure du troupeau, il ne sera probablement pas parmi les reproducteurs de cet automne. Pourtant ses agneaux ont de nombreuses qualités. Parmi celles-ci, une taille généralement petite. Egalement un joli visage fin que je reconnais maintenant avant même de vérifier la fiche de reproduction de la maman.
De ce fait, Champion aura probablement une seconde saison chez nous. Et les années où il ne sera pas sur la liste de nos reproducteurs, il pourra certainement trouver preneur parmi les éleveurs qui nous louent des béliers pour la saison de monte.